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Publié le 17 Fév 2022

Régionalisation de la politique migratoire

Les participants rappellent le besoin d’un cadre juridique d’intervention, d’une synergie entre les acteurs et d’un renforcement des capacités de ces derniers

 

Agadir a accueilli, le 2 novembre 2021, le premier atelier d’échange avec les acteurs pour établir une cartographie des intervenants sur la question migratoire de la région. L’atelier, organisé dans le cadre du projet Programme régional des initiatives de la migration (PRIM), a connu la participation de plusieurs intervenants de la région Souss-Massa qui ont contribué dans la réalisation de la cartographie régionale : les représentants institutionnels (Conseil régional, Wilaya, Académie régionale de l’éducation et de la Formation, l’Entraide nationale, Direction régionale du Ministère de la Santé, l’ANAPEC, le Haut-commissariat au Plan, etc.) des collectivités territoriales et de la société civile.

Intervenant à cet occasion, Mme Khadija Ramzi, représentante du Conseil régional a mis en exergue l’intérêt que le Conseil régional porte à la question migratoire, ‘la migration étant une composante du plan de développement régional (PDR), étant donné la contribution des migrants et MRE dans le développement’ a-t-elle dit. Elle a également insisté sur la nécessité de la coopération et de la coordination entre les différents acteurs, d’où l’importance de cet atelier sur la cartographie des intervenants dans le dossier de la migration.

M. Khalil Hassouna, Représentant la Wilaya de la région a également rappelé l’importance de la convergence des différentes actions des acteurs vers les deux stratégies nationales, à savoir la SNIA et la SNMRE en trouvant les synergies nécessaires entre les différents intervenants.

Pour sa part, Mme Anne-Lise Reve, directrice adjointe de l’Agence Française de développement (AFD) à Rabat a rappelé l’engagement pionnier de la région du Souss Massa sur la question migratoire et l’intérêt que porte l’AFD au soutien de la politique migratoire. Elle a rappelé les axes d’intervention du projet PRIM en se félicitant des réalisations, à ce jour, notamment le travail fait par l’association Migration et Développement (M&D) avec une quinzaine d’associations dans la région et la signature de conventions pour la mise en place de 16 Bureaux d’Accueil et d’orientation des migrants (BAOM). Elle a, à la même occasion, annoncé la prochaine étape du projet qui est le lancement des fonds de financement des projets des acteurs. Cet atelier est une occasion de bien définir les besoins des acteurs afin que le fonds puisse y répondre de la meilleure manière a-t-elle ajouté.

En rappelant le contexte géopolitique de mise en œuvre du projet, à savoir l’adoption par le Maroc des deux stratégies, ainsi que la régionalisation avancée, Mme Paola Chianca, cheffe du projet PRIM, a rappelé l’envergure du projet PRIM qui est mis en place dans deux régions pilotes, notamment la région du Souss Massa et de l’Oriental. Le projet se veut comme une action de concrétisation de la valorisation de la migration comme levier du développement a t-elle expliqué. L’atelier avait pour but d’informer, sensibiliser et mobiliser les acteurs régionaux sur la thématique de la migration, le rôle des acteurs, institutionnels, territoriaux et de la société civile, pour une meilleure gestion du phénomène migratoire et une prise en compte de la dimension migration dans les politiques publiques locales de développement.

La rencontre était l’occasion de présenter les résultats préliminaires de l’étude sur la cartographie des acteurs de la région du Souss Massa. Ces résultats ont permis de mettre en exergue certains constats :

  • La régionalisation avancée et les lois organiques relatives aux CT offrent un cadre propice pour prendre en compte la dimension migratoire, bien que cette dernière ne soit pas explicite dans les compétences des régions. Certaines compétences qui relèvent d’une pratique d’intervention des institutions dans le domaine existent, notamment celles liées à l’intégration économique des migrants (développement économique, formation professionnelle, coopération sud-sud…) ou l’intégration culturelle des migrants.
  • Le besoin de mettre en place une coordination et une synergie entre les différents intervenants aussi bien de la coopération qu’institutionnel ;
  • Le besoin de formation et de sensibilisation des acteurs institutionnels et associatifs sur la question migratoire, les stratégies nationales et le rôle des acteurs ;
  • L’existence d’expériences aux niveaux des collectivités territoriales, d’intégration de la migration dans les plans d’action et de collaboration surtout avec les MRE ;
  • Une dynamique associative riche mais qui n’est pas très engagée dans les questions de MRE et RPT. La plupart des associations interviennent dans le domaine de prise en charge de la femme et la promotion de ses droits et notamment celles qui ont subi les violences, la protection de la petite enfance, en situation précaire et vulnérable ;
  • Les acteurs ont également fait part de certaines difficultés de gestion de la question migratoire relatives non seulement à leurs compétences institutionnelles mais aussi à l’identification des besoins des MRE et de RPT. Ces derniers qui peuvent être dans des situations de vulnérabilité économique (emploi, domicile…), sociale (accès aux soins, à l’éducation…) et culturelle ( en plus de la dimension de la langue, les MRE et RPT viennent aux institutions avec des attentes qui peuvent ne pas correspondre aux rôles de ces dernières ce qui souvent pose problème). Le besoin d’écoute, d’information et d’orientation serait un premier pas pour leur intégration sociale.

Il convient de rappeler que le projet PRIM est un projet mis en œuvre par Expertise France en partenariat avec le MAEC, les Wilaya et les Conseils régionaux du Souss Massa et de l’Oriental. Il a pour but l’appui à la régionalisation de la politique migratoire adoptée par le Maroc à travers les deux stratégies : la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) et la Stratégie Nationale en direction des Marocains Résidants à l’Etranger (SNMRE) ainsi que la stratégie Régionale adoptée par le Conseil de la région Souss-Massa.

Financé par l’AFD avec un montant de 9 millions d’euros, il vise deux régions pilotes : la région du Souss Massa et la région de l’Oriental. Il est composé de trois axes d’intervention : Le financement de projets régionaux concernant les migrations (1), L’accompagnement social et administratif des Marocains Résident à l’Etranger (MRE) et des immigrés (2), L’amélioration de l’égalité femmes-hommes dans l’accès aux services (3).