L’égalité femmes-hommes est au centre des préoccupations du projet PRIM, qui a prévu une composante spécifique et une expertise dédiée afin d’assurer l’intégration de la dimension genre dans toutes les actions du projet.
La démarche méthodologique adoptée met l’accent sur le croisement (ou intersectionnalité) entre l’égalité entre les sexes et la migration dans toutes les étapes de l’intervention. Tout d’abord, comme expliqué par l’experte Genre, engagée par le projet Prim, Mme Maria Frias, « l’intégration de l’approche genre dans le domaine de la migration doit passer par une analyse des causes et conséquence des mouvements migratoires par sexe permettant d’identifier et de visibiliser les besoins spécifiques d’intégration socioéconomique de la population migrante à court et long terme, et notamment des femmes. Il s’agit de visibiliser l’invisible. La production et l’analyse systématique des données désagrégées par sexe et sensibles au genre est ainsi nécessaire pour pouvoir mettre en place des mesures répondant à ces besoins».
A cette fin, le projet a prévu la réalisation d’une analyse de genre dans les deux régions cibles, visant à mettre à disposition des équipes du projet un cadre analytique de référence en matière d’égalité femmes-hommes dans le domaine de la migration.
Le projet a donc initié la collecte et l’analyse des données, désagrégées par sexe et sensibles au genre, à trois niveaux : le cadre légal et normatif ; le cadre institutionnel : les institutions, organismes et associations ; la cible directe : la population RPT et MRE dans les deux régions, avec un focus spécifique sur les femmes.
L’analyse des données permettra la formulation de recommandations pouvant alimenter la réflexion et la réalisation des activités pour la promotion de l’égalité entre les sexes dans le cadre de la mise en œuvre du projet.
Dans le respect de son caractère régional, dans les prochaines étapes, le projet va s’appuyer, entre autres, sur les trois mécanismes de promotion de l’égalité de genre au niveau des régions inscrits dans la loi 111.14 relative aux régions – l’intégration du genre dans les programmes de développement ; l’intégration du genre lors de la fixation des objectifs et indicateurs d’un programme lors de l’élaboration du budget; la mise en place de l’Instance de l’Équité, l’Égalité des Chances et de l’Approche Genre.
C’est dans ce cadre que s’est opérée la première mission de Mme Frias sur le terrain. Elle s’est déroulée du 28 Mars au 1er avril dans la région du Souss – Massa. Elle a été rythmée par plusieurs réunions avec les acteurs institutionnels et associatifs dans 5 collectivités territoriales : Agadir, Argana, Massa, Tiznit, Taliouin, Amelnne (Tafrout). La mission a été aussi l’occasion d’organiser des focus groupes avec une des cibles directes, à savoir les femmes mariées à des MRE qui sont restées au Maroc. Elles ont exprimées les difficultés auxquelles elles se sont confrontées pour répondre aux responsabilités familiales en absence de leurs maris et d’accéder aux droits dans les pays de migration après le décès de ceux-ci (allocation de veuvage ou pension de réversion). Le manque d’information sur ces droits, la disparité des procédures à suivre selon le pays de destination et les entraves administratives sont à la tête des problématiques rencontrées par ces femmes, dont la plupart aujourd’hui sont âgées et résidentes dans des zones rurales.
La mission a ainsi été l’occasion de rencontrer des actrices et des acteurs de la Région de Souss Massa dans le domaine de la migration et d’échanger sur la question de l’égalité femmes-hommes. Elle a notamment permis d’identifier des portes d’entrée pour le renforcement de la collaboration entre des associations qui travaillent dans le domaine de la migration et celles qui travaillent dans la promotion de l’égalité entre les sexes. Enfin, elle a aussi été l’occasion d’explorer la possibilité d’expérimenter le croisement entre le genre et la migration dans la planification territoriale.